Des espèces végétales par centaines, des milliers d’hectares naturels et semi-naturels, des dizaines d’espèces protégées ou menacées… Les étangs et canaux de Bretagne constituent un réservoir incroyable pour la biodiversité. Sur l’ensemble du territoire, au moins 32 taxons présentant des enjeux forts de conservation ont été décomptés. En parallèle, malgré les actions de la Région Bretagne, les espèces invasives continuent de proliférer, faute de techniques d’éradication vraiment efficaces.
Étangs et canaux de Bretagne : une réserve pour la flore
Le réseau des canaux de Bretagne est riche d’un patrimoine floristique que les équipes de la Région s’efforcent d’entretenir et de préserver. Des observations et un suivi régulier permettent d’en assurer une gestion écoresponsable et de garantir la sauvegarde de la biodiversité, des espèces les plus fragiles ou identifiées comme menacées.
-
45espèces à valeur patrimoniale (protégée et/ou menacées)
-
5 300 had’espaces naturels et semi-naturels
-
700espèces végétales recensées
Toujours en chiffres, la flore vasculaire des voies navigables – soit toutes les plantes possédant des vaisseaux conducteurs de sève – comporte a minima 32 taxons présentant des enjeux forts de conservation. Parmi ces plantes à enjeu citons Antinoria agrostidea, Coleanthus subtilis ou Eleocharis ovata. Au sein des plantes aquatiques à enjeux, Luronium natans, Butomus umbellatus ou encore Sagittaria sagittifolia sont également caractéristiques des canaux et étangs de Bretagne.
En images
Cette orchidée n’est pas très commune en Bretagne et plutôt en régression. Elle se plaît dans les prairies humides oligotrophes (pauvres en nutriments). Si vous avez la chance de l’observer en fleur au printemps, n’hésitez pas à la prendre en photo mais évitez de la cueillir d’une part car une fois coupée, elle va très vite faner et d’autre part, parce que vous mettrez en péril ses chances de reproduction.
La Grande prêle (Equisetum telmateia) n’est pas la plus commune le long des voies navigables bretonnes mais sans doute la plus impressionnante. Elle affectionne les milieux frais et ombragés.
Plante très rare et menacée, cette espèce est présente en France uniquement en Bretagne (les autres populations sont présentes dans la péninsule ibérique). Une vingtaine de localités sont connues en Bretagne dont 4 sur les berges des canaux bretons.
La Cardamine des prés est couramment rencontrée, elle se plaît beaucoup dans les zones humides, comme les canaux de Bretagne ! Voyez-vous le petit point orange sur sa tige ? C’est un œuf de papillon !
Le Bugle rampant est une espèce très commune que l’on retrouve régulièrement le long des berges des canaux bretons. Les bourdons et les abeilles adorent venir butiner les fleurs qui fleurissent au printemps.
Mais quelle drôle de plante ! Elle fleurit en début de printemps puis disparaît complètement. C’est en effet une espèce qui ne possède pas de feuilles. Elle puise son énergie sur ses plantes hôtes (aulnes, saules, …). Comme le gui, il s’agit d’un parasite.
L’Iris des marais est certainement la plante qui est la meilleure ambassadrice des canaux bretons. On la retrouve en pied de berge, les pieds dans l’eau, sur la quasi-totalité du réseau. Comme les autres plantes aquatiques, elle participe au rôle de phytoépuration des eaux des voies navigables.
Espèces protégées et menacées : quelles différences ?
Remarquable, la flore du territoire n’en est pas moins fragile. En région Bretagne, 18 % des plantes à fleurs et fougères sont par exemple menacées, selon la Liste rouge crée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Mais de quoi parle-t-on au juste ?
- Les espèces menacées sont déterminées selon une série de critères scientifiques visant à connaître le niveau de menace pesant sur des espèces végétales et animales. La liste rouge de l’UICN évalue ainsi le risque d’extinction à court terme des espèces. On parle alors d’un devoir de responsabilité pour éviter qu’elles ne disparaissent.
- Les espèces protégées bénéficient d’un statut de protection légale, pour des raisons d’intérêt scientifique ou de de nécessité de préservation du patrimoine biologique. Elles sont encadrées par le Code de l’environnement et en cas de braconnage, de transport ou de manipulation et d’approche non-autorisées, des sanctions peuvent être prises.
A savoir
Une espèce protégée n’est pas toujours menacée et vice-versa mais parfois elle tombe sous la double classification, comme :
- Le Sélin de Brotero (Selinum broteri) est une ombelifère (famille des carottes) endémique secteur ibero-armoricaine qui est assez bien représentée sur les berges des canaux bretons (4 des 20 stations francaises). Cette plan est évaluée « quasi-menacée » sur la lsite rouge francaise et bretonne mais pourtant pas protégée.
- La Drosera à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) est une plante carnivore typique des zones de tourbières. On la retrouve sur quelques étangs d’alimentations. Elle n’est pas menacée au sens des listes rouges mais pourtant protégée par le code de l’environnement.
Sur le territoire géré par la Région Bretagne, on décompte 31 espèces florales menacées et 14 protégées. Protégées ou menacées, la Région fait tout pour préserver ses espèces !
Une gestion différenciée
Sur les abords des canaux, les agent∙e∙s pratiquent la gestion différenciée, favorisant notamment des fauches tardives au printemps, pour permettre aux végétaux d’effectuer leur cycle complet. En effet, l’entretien des voies navigables doit permettre l’accès et la sécurité des usager∙ère∙s tout en préservant la richesse naturelle du milieu.
Pour répondre à ces objectifs, les espaces ont été divisés en 4 catégories pour concilier usages et biodiversité :
- Sites éclusiers, quais, haltes nautiques, ports, équipements : le fauchage est réalisé autant que nécessaire.
- Espaces autour des chemins de halage : le broyage est réalisé deux fois par an, au printemps et en automne.
- Pente de berge, digues et autres zones : le broyage est réalisé une fois par an, en automne.
- Milieux « naturels fragiles » comme les pieds de berge : le broyage est réalisé tous les 2 ans.
Des cas particuliers pour certains habitats
Des modes de gestion plus spécifiques sont mis en place ponctuellement pour répondre aux enjeux locaux, sociaux ou environnementaux. Aujourd’hui, deux types d’habitat sont déjà identifiés :
- les habitats forestiers pour lesquels il existe de forts enjeux de préservation de la faune, notamment ceux abritant des oiseaux, des chiroptères et des invertébrés ;
- les habitats herbacés humides où l’on trouve des plantes rares ou menacées, comme le Sélin de Brotero qu’il faut protéger.
Gare aux plantes invasives !
Comme toutes les voies navigables en France, les canaux bretons sont confrontés aux plantes invasives : trois espèces principales y ont été identifiés. Une menace pour la biodiversité qui peut aussi se révéler un handicap pour la navigation ! Nous agissons pour remédier à cette nuisance.
Une action partenariale
Pour mener à bien ses objectifs, la Région travaille en collaboration avec le Conservation botanique de Brest.