« Avec le changement climatique, choisir les arbres des canaux devient un casse-tête »
11 avril 2023
4 minutes de lecture
Interview – Sur les quelque 3 000 arbres plantés ces trois dernières années, aucun frêne, châtaignier ou hêtre ne grandiront le long des canaux. Ils sont trop sensibles pour résister à l’évolution du climat, explique Samuel Fauchon, technicien aménagement-environnement.
Chêne pédonculé, chêne sessile et des marais, érable, charme, merisier… Depuis 2020, plus de 3 000 arbres ont été plantés le long des 500km des canaux, propriété de la Région Bretagne.
Une opération visant à conserver le patrimoine arboré des canaux. Pour ce faire, il a fallu sélectionner de nouvelles essences, capables de s’adapter aux maladies et à des conditions climatiques de plus en plus difficiles, explique Samuel Fauchon, technicien aménagement – environnement à la Région. Entretien.
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Combien d’arbres seront plantés cette année le long des canaux ?
Nous en avons planté 353 en 2022. Ce nombre évolue en fonction des besoins. En tout, depuis trois ans, 3 142 arbres ont été mis en terre.
Cette année, nous avons privilégié les baliveaux, de jeunes arbres mesurant déjà 2m à 2,5m, espacés d’une dizaine de mètres, afin d’obtenir cet alignement typique des arbres plantés le long des canaux.
D’autres années, nous avons fait le choix de plantations en haies bocagères, constituées de différents végétaux, mesurant moins d’un mètre, servant alors de brise-vue ou de brise-vent. Dans ce cas, les arbres plantés sont plus nombreux.
Ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier et risquer de devoir abattre des arbres malades
Comment se fait le choix des essences à planter ?
Avec le changement climatique, cela devient un vrai casse-tête. Certaines essences ne sont déjà plus adaptées, d’autres ne le seront plus dans les années à venir. Ainsi, nous ne plantons plus de hêtre car d’ici 80 ans, il ne survivra pas au climat, ni de frêne et de châtaignier, des espèces plus sensibles aux maladies, du fait du changement climatique.
Notre choix se porte désormais sur une espèce endémique de la Bretagne : le chêne sessile, mélangé avec d’autres essences. Par exemple, à proximité des écluses, nous plantons des arbres fruitiers ainsi que des essences nobles, comme du merisier ou de l’alisier, réputé pour ses jolis couleurs.
L’idée étant de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier et risquer, comme cela a été le cas pour les platanes du canal du midi, de devoir abattre des arbres malades.
Quand considérez-vous un arbre trop vieux avant de l’abattre ?
Déjà, la réglementation du Code de l’environnement protège tous les arbres plantés le long des voies de communication. L’abattage sert donc uniquement à préserver la sécurité des usagers des canaux.
Ensuite, comme nous faisons en sorte de garantir l’aspect verdoyant des canaux, nous maintenons les arbres sénescents le plus longtemps possible en vie en les élaguant.
Et pourtant, nos actions se heurtent parfois aux contradictions de la société, demandeuse de matériaux naturels en bois, mais qui refuse de toucher au vivant…
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