« Ma mission ? J’analyse les pelotes de réjection des animaux ! »
15 décembre 2023
4 minutes de lecture
Interview – Adrien Peillon est alternant au service Valorisation touristique et développement durable des canaux de Bretagne. Sur le terrain, il ramasse et étudie les boulettes de régurgitation de certains animaux. Elles contiennent des ossements permettant de comptabiliser les micromammifères. A la fois écologue, cartographe et même expert tableur, Adrien est pour le moins polyvalent…
Depuis qu’il est adolescent, Adrien Peillon, 19 ans dans quelques mois, est bénévole ou adhérent dans des associations œuvrant pour la protection de l’environnement. Travailler sur les canaux de Bretagne, à la découverte de leur biodiversité, était donc presque une évidence…
La moitié de son temps ou presque, il suit ainsi des cours en BTS Gestion, protection de la nature au lycée Pommerit, dans le Trégor (22) et l’autre moitié, il est à l’œuvre sur le terrain, le long des voies d’eau. Rencontre.
Quelle est ta mission à la Région Bretagne ?
Je me déplace énormément sur les canaux pour suivre et compter les espèces présentes, comme les oiseaux hibernants par exemple.
Je respecte des protocoles très précis, me déplaçant d’une zone à l’autre afin d’étudier les différentes populations. Depuis le début de mon alternance, j’ai vraiment découvert à quel point les canaux étaient riches en biodiversité.
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Peux-tu nous décrire ta journée type ?
Aucune journée ne se ressemble ! Mais pour résumer, sur le terrain, je me déplace, j’observe, je comptabilise et quand je retourne au bureau, j’enregistre les données dans un tableur.
En ce moment, avec d’autres agents, nous ramassons des pelotes de réjection pour faire l’inventaire des micromammifères vivant le long des canaux.
Comment procédez-vous exactement ?
Les rapaces, comme les Chouettes effraie, rejettent ce qu’ils ne peuvent pas digérer. On parle de pelotes de réjection ou de boulettes de régurgitation. Nous avons dû en collecter 250 par site. On note le lieu de ramassage, la date et les noms des collecteurs.
Avant de les ouvrir, nous les plaçons un mois au réfrigérateur pour tuer les bactéries. Ensuite, on les décortique avec une loupe binoculaire pour étudier les crânes, les dents ou les palais, nous permettant d’identifier l’espèce. Comme les campagnols, difficiles à voir autrement car ils vivent la majorité du temps sous terre. Le suivi se fait sur plusieurs années.
Ma mission est vraiment très variée et intéressante : il faut à la fois maîtriser la cartographie sur le terrain mais aussi connaître les différentes espèces d’animaux et leur milieu.
Toi qui te déplaces régulièrement, quel est ton canal préféré ?
Ah, je ne saurais dire : ils ont tous leur particularité. Et je vois surtout leur intérêt environnemental. Les canaux regorgent notamment d’oiseaux remarquables, comme le Balbuzard pécheur ou le Pic noir.
J’espère également avoir la chance d’observer des loutres ou des tritons crêtés. Ces derniers ont une phase aquatique pendant la reproduction, mais vivent cachés, sur terre, le reste du temps.
Ils, elles travaillent sur les canaux de Bretagne…
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