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Continuité écologique : de quoi parle-t-on exactement ?

En Bretagne, quelque 2 500 ouvrages – dont plus de 130 sous la responsabilité de la Direction des canaux de Bretagne – entravent le passage des poissons sur les cours d’eau. Pour leur permettre de coloniser leur espace naturel, des passes à poissons sont progressivement installées sur les rivières de notre territoire. Explications.

Crédit photo : Vincent Robinot
Vue sur le barrage et l’observatoire aquatique de Chateaulin dans le Finistère.

Si une image vaut mieux qu’un long discours, cette carte de la fréquentation du saumon atlantique en France au cours des trois derniers siècles est particulièrement éloquente :

Seule la Région Bretagne se distingue. « Des dispositifs piscicoles ont été mis en place dès 1860 par les services des Ponts et Chaussées pour assurer le cycle de l’espèce et maintenir la pêche au saumon. Ils ont imaginé des échelles à saumons, soit des marches permettant aux poissons de sauter de l’une à l’autre. Depuis, les modèles se sont perfectionnés et désormais on installe des passes conçues comme une succession de labyrinthites avec un système de courants et contres-courants pour aider les poissons à remonter », explique Eric Croguennec, référent continuité écologique à la Région Bretagne.

Malgré tout, sur notre territoire, 2 500 ouvrages, dont plus de 130 sous la responsabilité de la Région, entravent toujours le passage des poissons. Ici comme ailleurs, il s’agit aussi de suivre le Code de l’environnement, prévoyant le rétablissement de la continuité écologique depuis 2012.

Continuité écologique, quelle définition ?

« La continuité écologique pour les milieux aquatiques, se définit par la libre circulation des espèces et le bon déroulement du transport des sédiments. Elle a une dimension amont-aval, impactée par les ouvrages transversaux comme les seuils et barrages, et une dimension latérale, impactée par les ouvrages longitudinaux comme les digues et les protections de berges », selon le ministère de l’Environnement.

Le but : contribuer au bon état écologique des cours d’eau. Selon les cours d’eau, il s’agira d’interdire tout nouvel obstacle à la continuité écologique ou de rétablir la libre circulation des poissons migrateurs et le transit des sédiments.

51 ouvrages pour restaurer la continuité écologique

Jérémie Belliot, chargé d’opérations continuité écologique, a pour mission d’installer 51 ouvrages le long des rivières canalisées entre 2023 et 2027. « Toutes les espèces cibles de poissons doivent pouvoir passer : saumon, truite de mer, lamproie marine, alose ou encore brochet. Des équipements dont le coût a été chiffré à 12 millions d’euros. Évidemment l’efficacité de chaque ouvrage est analysé avant et après travaux mais ils sont dans tous les cas nécessaires pour reconquérir la biodiversité, protéger les habitats et les espèces indigènes ».

Photo d’un saumon atlantique remontant la passe à poissons le 7 juin 2023 à Châteaulin.

Pour comptabiliser les poissons migrateurs, un observatoire aquatique a déjà été installé en 1996 à Châteaulin, sur la rive droite de l’Aulne canalisée. Il fournit de précieuses données sur les espèces menacées en France, le saumon atlantique et l’anguille européenne en premier lieu.

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L’anguille, un cas d’espèce à sauver

En Bretagne, des passes à reptation permettent aux bébés anguilles comme aux adultes de remonter les cours d’eau. Malgré ces efforts « on constate toujours une baisse de la population d’anguille, c’est une espèce en péril », se désole Jérémie Belliot.

Surpêche avant l’interdiction de cette pratique puis braconnage, barrage le long des rivières, piètre qualité de l’eau et maladie semblent avoir eu raison de ce poisson fascinant. « L’anguille d’Europe naît en mer des Sargasses, dans les Caraïbes. Portée par le gulf stream, elle traverse l’océan Atlantique où elle se transforme en civelle. Elle arrive sous cette forme dans nos eaux douces où, pendant 15 ans, elle passe à l’état d’anguillette puis à celui d’anguille jaune et enfin d’anguille. Elle repart alors dans les Sargasses pour se reproduire », explique Eric Croguennec.

Au cours des cinq dernières années, des civelles ont été relâchées dans l’Aulne. Des opérations suffisantes pour sauver l’espèce d’extinction ? Le cycle de vie de l’anguille ne permettra de le savoir que d’ici une dizaine d’années maintenant…

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Une diversité de passes à poissons

Passes à bassins successifs, passes à ralentisseurs, bras naturels de contournement, passes à écluses ou passes à anguilles, à chaque poisson ou presque son type de passe pour l’aider à remonter le courant. Par exemple, les passes à anguilles sont constituées d’une rampe sur laquelle elles progressent en rampant sur un tapis avant d’arriver dans un bassin pour éviter qu’elles ne soient entraînées vers l’aval par la force du courant.
Pour en savoir plus sur les passes à poissons, rendez-vous sur le site des Agences de l’eau.

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