Des chevaux au service de la biodiversité
20 mars 2022
2 minutes de lecture
Concentré impressionnant d’espèces végétales et animales, le marais de Chantoiseau vient de s’offrir une sacrée toilette de printemps ! Retour sur un chantier exemplaire d’abattage de peupliers où les troncs ont été évacués via une technique traditionnelle de débardage à cheval. Une opération réalisée début mars, en bordure de Rance, pour restaurer la richesse naturelle des canaux bretons.
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8 haC’est la surface du marais de Chantoiseau, milieu humide typique au bord de la Rance.
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160espèces végétales, 61 espèces d’oiseaux et 16 de chauve-souris vivent ou transitent par le marais.
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40C’est le nombre de peupliers abattus lors de cette opération de débardage.
A Lanvallay (Côtes d’Armor) en bordure de la Rance, le marais de Chantoiseau s’étend sur 8 hectares imbriqués dans une zone naturelle plus large classée site Natura 2000 « Estuaire de la Rance » (intégrée au futur Parc naturel régional « Vallée de la Rance-Côte d’Emeraude »).
Ce petit espace naturel abrite une biodiversité foisonnante : 16 espèces de chauves-souris (sur les 22 connues en Bretagne), 61 espèces d’oiseaux dont 32 s’y reproduisent, près de 160 espèces végétales… Il fait donc l’objet d’une attention particulière pour restaurer sa richesse naturelle. Le chantier de printemps qui vient de s’achever en est un bel exemple et illustre notre gestion de la biodiversité sur les canaux bretons !
Restaurer la roselière typique des marais
Dans une partie du marais, des peupliers plantés dans les années 90 contrariaient, en effet, l’expression d’une biodiversité typique des marais : les roselières. Le plan de gestion du marais (voir encadré plus bas) prévoyait leur abattage afin de permettre à la roselière et aux espèces associées de retrouver leurs entièretés. Une opération réalisée sur une semaine pour abattre et extraire du marais 40 peupliers néfastes à cet écosystème de marécage.
Qu’est-ce que la roselière ?
Formation végétale typique des zones humides, les roselières abritent une végétation composée pour l’essentiel de roseaux. Elles abritent nids et couvées de nombreux oiseaux des marais et assurent une forte épuration des eaux.
Le choix du débardage à cheval
Pour évacuer les peupliers abattus en évitant d’abîmer le sol du marais avec les moyens mécaniques lourds des travaux forestiers classiques, nous avons préféré une technique traditionnelle utilisée dans les milieux sensibles : le débardage à cheval, réalisé avec des chevaux de trait spécialisés dans ce travail.
Le respect de l’environnement de A à Z !
Le chantier a été mené par deux entreprises spécialisées dans le débardage et l’entretien du patrimoine arboré : elles ont travaillé ensemble main dans la main. Les troncs des peupliers coupés seront valorisés dans la fabrication de cagettes et de palettes, les branches et restes de coupes utilisés pour le chauffage dans une filière locale de « bois énergie ». Un chantier respectueux de l’environnement.
En images
Petit espace naturel de 8 hectares imbriqués dans une zone « natura 2000 » en bordure de Rance, le marais de Chantoiseau abrite de très nombreuses espèces animales et végétales.
Pour restaurer cette zone humide, le chantier d’abattage et de débardage de 40 peupliers a été confié à des entreprises spécialisées dans le débardage (Laurent Le Gall) et l’entretien du patrimoine arboré (Serpe), qui ont travaillé côte à côte.
Ce sont des chevaux de trait aguerris au débardage qui ramènent les peupliers abattus de la partie marécageuse du marais.
une opération conduite dans le respect de l’environnement du bien-être animal, de bout en bout.
Les troncs sont d’abord préparés par un bucheron.
Ils sont ensuite attachée de manière à ne pas blesser les chevaux lors du transport.
Le débardage proprement dit (transport des arbres abattus jusqu’au lieu de chargement pour les évacuer) peut alors commencer.
Cette technique traditionnelle mobilise, selon les cas, un ou deux chevaux pour transporter les troncs hors du marais.
Un homme est toujours à la manœuvre pour piloter les chevaux.
Pour tirer les troncs les plus lourds, un « trinqueballe » peut aussi être utilisé afin de limiter l’effort de chevaux.
Les troncs sont ainsi rapprochés du chemin carrossable où les attend un tracteur.
C’est ce tracteur qui emmène ensuite les troncs ramenés par les chevaux du fin fond du marais jusqu’au dépôt en bord de route.
Cliquer sur le « + » pour voir le diaporama complet du chantier de débardage.
Un plan de gestion du marais pour préserver la biodiversité
Propriétaire et gestionnaire des voies navigables de Bretagne, la Région s’attache à préserver leur biodiversité grâce à une gestion adaptée des différents milieux qu’on y trouve. Comme d’autres espaces naturels le long des canaux, le marais de Chantoiseau fait donc l’objet d’un plan de gestion, rédigé en 2019 par notre direction des voies navigables en concertation avec les acteurs locaux.
Objectif : faire un diagnostic de la biodiversité et évaluer les enjeux et les menaces afin de planifier des actions d’amélioration des connaissances naturalistes, de restauration et de préservation de la biodiversité. Une étude conduite en 2020 par le Groupe d’études ornithologiques des Côtes-d’Armor (Geoca) a ainsi constaté, par exemple, la disparition récente d’espèces nicheuses typique des marais : Bruant des roseaux, Rousserolle verderolle, Phragmite des joncs…
C’est pourquoi le plan de gestion du marais prévoyait d’abattre des peupliers plantés dans les années 90 dans une partie du marais et perturbant cet écosystème typique des milieux humides.
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