8 chiffres pour mieux connaître les canaux de Bretagne
18 octobre 2022
9 minutes de lecture
Conçus pour le transport de marchandises, les canaux de Bretagne attirent aujourd’hui des touristes curieux de découvrir ce patrimoine architectural et naturel unique. De leurs origines au 16ème siècle, en passant par les maisons éclusières et les centaines d’espèces animales qui s’y abritent, voici 8 informations pour mieux connaître les canaux de notre territoire !
Un travail de titan ! Imaginez creuser la terre sur plus de 20 mètres de profondeur, 100 mètres de large, 3 kilomètres de long, et ce pendant plusieurs années… C’est ce qu’ont subi des milliers de bagnards, condamnés aux travaux forcés lors de la création du canal de Nantes à Brest. Une petite histoire dans la grande, à retrouver parmi huit chiffres sillonnant d’un canal à l’autre de Bretagne !
1/ 1538, les débuts de la canalisation de la Vilaine
Cette année-là, les États de Bretagne décident, avec l’accord de François 1er, de rendre navigable la Vilaine entre Rennes et Messac. La Vilaine – nom qui serait dérivé de Ar ster vilen « la rivière aux moulins » ou encore de Ar ster velen « la rivière jaune » -, est ainsi aménagée avec la construction de 10 écluses, devenant le premier cours d’eau français ainsi canalisé. Avec succès : en 1728, 1 065 bateaux remontaient de Messac à Rennes, chargés de sel, pierres, ardoises ou encore de vin.
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2/ 700 forçats dans la tranchée de Glomel
Le canal de Nantes à Brest, comme celui du Blavet et d’Ille-et-Rance, se concrétise sous Napoléon 1er. Un grand canal d’est en ouest servant à contrer le blocus des ports bretons par les anglais. Un tronçon était particulièrement difficile : il s’agissait de relier les bassins du Blavet et de l’Aulne. De 1823 à 1832, quelque 700 forçats du bagne de Brest se relaieront chaque année pour creuser cette tranchée de plus de 3 kilomètres de long, 100 mètres de large et 23 mètres de profondeur. Trois millions de mètres cubes de terre seront enlevées à la pioche et transportés à dos d’hommes ou par charrette. Évidemment, les conditions sanitaires et la dureté du travail ont entraîné la mort de nombreux bagnards.
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3/ 329 écluses sur les canaux
Autres chiffres pour comprendre l’importance des chantiers sur les canaux : 329 écluses, dont 239 sur le canal de Nantes à Brest, sont réparties sur les voies d’eau appartenant à la Région ainsi que 163 maisons éclusières toujours en activité. Sur ce nombre, près d’un tiers peuvent aujourd’hui accueillir d’autres activités. D’ailleurs la Région organise régulièrement des appels à projets en direction de ceux qui veulent apporter un second souffle à ces habitations. Gîtes ou lieux d’exposition, si vous avez à cœur de vous investir dans la vie locale et que vous avez des idées à partager, un prochain appel à projet sera prochainement lancé.
4/ 1,62 mètre de profondeur
C’est en 1826 que la profondeur des canaux bretons a été fixée à 1,62 mètres précisément. Il a donc fallu creuser pour atteindre la profondeur désirée. En France, la profondeur moyenne des canaux est fixée à 1,65 mètres pour accueillir des péniches au gabarit « Freycinet », du nom d’un ministre des Travaux publics de la 3ème République, et mesurant 38,50 mètres de long et 5,05 mètres de large. Leur capacité maximale de chargement est de 350 tonnes. Celles du canal de Nantes à Brest sont plus petites : par exemple entre Redon et Pontivy, elles mesurent 26 mètres de long pour 4,60 mètres de large.
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5/ 30 années de vie pour les portes des écluses
Entre novembre et avril, quand la navigation ferme sur les canaux, le ballet des bateaux est remplacé par celui des agents d’entretien. Régulièrement, ces derniers profitent de l’hiver pour changer les portes des écluses. Sur le canal d’Ille-et-Rance, elles sont confectionnées en bois par les artisans de l’atelier de Saint-Germain-sur-Ille, qui fait partie des services de la Région. Ces portes soumises à dures épreuve sont prévues pour durer environ 30 ans, contre 50 ans pour les portes en métal qui sont installées sur le reste du réseau. Les portes en bois sont fabriquées selon des procédés anciens, avec uniquement du chêne de moins de 5 ans d’abattage, sain et sans déformation. Un bois sec pour ne pas gonfler et casser suite à son immersion.
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6/ 520 000 kilomètres parcourus en bateau
Lors de la dernière enquête menée en 2018 auprès des plaisanciers des canaux, il s’avérait que 80 % des parcours fluviaux étaient des allers-retours et 20 % des allers simples. Cette même année, 3 480 parcours fluviaux ont été comptabilisés, représentant 520 000 kilomètres parcourus sur les canaux. Construit pour doper l’économie et le commerce, les canaux continuent de jouer leur rôle : avec un coût moyen de 90 euros dépensés par jour, les retombées liées à la navigation s’élèvent à 7,3 millions d’euros annuels.
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7/ 614 espèces animales dans et sur les canaux
Une balade le long et sur les canaux est l’occasion d’approcher de près les 614 espèces d’animaux qui y ont trouvé refuge. Des oiseaux hivernants comme la Sarcelle d’hiver et le Canard siffleur, des anguilles, du saumon atlantique mais aussi des loutres et des chauve-souris… Soit au total 12 grande familles d’animaux vivant sur les canaux. La flore n’est pas en reste : 700 espèces végétales, dont 45 à valeur patrimoniale, s’épanouissent sur les 5 300 hectares d’espaces naturels et semi-naturels des canaux.
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8/ 60 millions de mètres cubes d’eau
L’arrivée du chemin de fer a marqué le coup d’arrêt du développement des canaux. Sur celui de Nantes à Brest, la création du barrage de Guerlédan a carrément mis fin à la navigation fluviale sur l’ensemble du tracé. Le but était alors de créer une centrale hydraulique. Pour ce faire, un mur infranchissable de 45 mètres de haut a été inauguré en 1930 en travers du canal. « Soixante millions de mètres cubes noient sous leur masse 18 écluses, maisons éclusières, villages, carrières d’ardoise, sur une longueur de 12 km et une superficie de 400 ha », rappelle Kader Benferhat, auteur de l’ouvrage “Les canaux de Bretagne”.
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